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Les chercheurs observent que les taux de mortalité dans la première année sont 21% plus bas que chez les bébés nourris aux préparations lactées pour nourrissons


Par André Picard

Journaliste – Santé publique
The Globe and Mail


Jeudi, 6 mai 2004 – Page A21 Selon une étude récente, les bébés allaités sont significativement moinsà risque de mourrir durant leur première année de vie que ceux qui sont nourris aux préparations lactées pour nourrissons, et ce, même dans les pays prospères comme les États-Unis et le Canada.

Les chercheurs américains ont trouvé que les bébés allaités sont moins susceptibles de mourrir du syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), de maladies infectieuses et même de blessures. Somme toute, leur taux de mortalité est environ 21% plus bas, et plus la durée de l'allaitement augmente, plus le taux de mortalité précoce diminue.

L'équipe de recherche estime que si tous les nouveau-nés étaient allaités, 720 enfants de moins d'un an mourraient chaque année aux États-Unis. Ceci correspond au Canada à la prevention de 72 décès, un nombre important pour cette catégorie d'âge.

"Il y a déjà plusieurs raisons pour inciter les femmes à allaiter leurs bébés," affirme Walter Rogan, un épidémiologiste à la National Institute of Environmental Health Sciences de Research Triangle Park, en Caroline du Nord. "En voici une de plus."

L'étude, publiée dans la revue médicale Pediatrics, est une des premières à étudier le lien entre l'allaitement maternel et la mortalité infantile dans un pays développé. Pour Donna Isenor, mère torontoise de trois jeunes enfants, l'étude confirme qu'elle a fait le bon choix.

« La science a mis son sceau d'approbation sur mes instincts maternels », disait-elle hier lors d'une entrevue.

Agée de 42 ans, elle allaite de façon presque continue depuis six ans, et n'a aucun regret.

"L'allaitement est ce qu'il y a de meilleur que je puisse faire pour mes enfants. Ils sont en santé, heureux et nous avons un lien d'amour et de tendresse," disait madame Isenor. Son aîné, Caleb, 5 ans, a été allaité durant 18 mois; Mitchell, 3 ans, s'est sevré de lui-même à 28 mois, et la cadette, Maranatha, 11 mois, "continuera d'être allaitée jusqu'à ce qu'elle soit prête à arrêter."

Selon le Dr Rogan, il n'est pas clair pourquoi l'allaitement reduit le risque global de mortalité, mais il est probable que ce soit une combinaison de l'action du lait maternel sur le système immunitaire du bébé et du fait que les mères allaitantes passent plus de temps avec leurs bébés.

L'étude a démontré que les bébés allaités sont 41% moins à risque de mourrir de blessures que ceux nourris artificiellement. Les bébés allaités sont également 24% moins à risque de mourir d'infections, et 16% moins susceptibles de mourir du SMSN, la cause de décès la plus répandue chez les bébés âgés de moins d'un an.

L'étude s'est penchée sur 1204 bébés décédés et les a comparé à un groupe contrôle de 7740 sujets âgés d'un mois à un an. Les bébés âgés de moins d'un mois ont été exclus afin d'éliminer ceux qui souffraient d'anomalies congénitales sévères et de tumeurs, qui sont souvent des obstacles à l'allaitement.

Aux Etats-Unis, environ 70% des femmes allaitent à la sortie de l'hôpital, et il n'en reste plus que 15% au premier anniversaire. Au Canada, les taux d'initiation de l'allaitement sont légèrement plus hauts mais il est difficile de savoir combien continuent étant donné le manque de données de suivi.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, pour assurer une santé optimale, les bébés devraient être allaités exclusivement jusqu'à l'âge de six mois, et l'allaitement devrait se poursuivre par après jusqu'à deux ans.

À l'échelle mondiale, plus de 1.5 million d'enfants meurent chaque année faute d'avoir été allaités. Dans les pays en voie de développement, les bébés nourris aux préparations lactées pour nourrissons sont quatre à seize fois plus à risque de mourrir de diarrhées que les bébés allaités exclusivement.

Traduit de l'anglais par Stéphanie Dupras, IBCLC, Consultante en lactation diplômée de l'IBLCE.


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